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Tu le sais certainement déjà, YouTube va tout faire pour que tu passes le plus de temps que possible devant ton écran à regarder des vidéos. La valeur de la société dépend en grande partie des placements publicitaires qui y sont diffusés grâce à son algorithme. En 2019, ils ont générés plus de 15 milliards de dollars de CA ! Ça fait pas mal de publicité diffusées, non ? 🙂
Comment font-ils pour te rendre complètement accro à leur plateforme ? Quels mécanismes ont-ils mis en place – à ton insu – pour augmenter ton temps de visionnage et te pousser toujours plus de publicités personnalisées ?
Avec plus de 500 heures de vidéos ajoutées chaque minute sur la plateforme, il est souvent difficile de s’y retrouver, même avec un moteur de recherché avancé. C’est pourquoi, Google a mis au point un algorithme de recommandation qui te propose tout un tas de vidéos, savamment sélectionnées pour te plaire. Pour comprendre tes goûts, Google va se baser non pas sur tes caractéristiques, mais sur tes comportements.
Chaque action effectuée (vidéos fermées au bout de quelques secondes, l’usage de la tablette ou du mobile, l’heure et la localisation de visionnage, etc.) produit une donnée. Celle-ci viendra s’ajouter aux millions d’autres données précédemment recueillies.
Mises bout à bout et recoupées en elles, ces informations vont venir enrichir l’algorithme de Google, c’est ce qu’on appelle le « deep learning ». En nourrissant l’algorithme de données, il est possible de définir des tendances (statistiques) générales. Lorsque Google enregistre ton comportement, l’algorithme va pouvoir prédire tes futurs comportements par rapport à des modèles statistiques prédéfinis.
Si tu adores regarder des vidéos d’animaux, Google va commencer par te pousser à la fois des vidéos de chiens et de chats. En enregistrant ton comportement, il va définir que tu as une préférence pour les félins. Comme 90% des personnes ayant vu la même vidéo que toi ont également regardé « Le TOP 5 des bêtisiers de chats », il te proposera instantanément de poursuivre par cette vidéo.
Plus tu consommes de vidéos, plus il affine sa connaissance de tes goûts, plus il te propose des contenus susceptibles de te maintenir sur la plateforme.
Cet algorithme correspond à celui du moteur de recherche de Google, il permet de trouver des vidéos selon les mots clés recherchés et l’historique de tes recherches.
Celui-ci correspond à la barre droite de l’écran. Il s’agit des vidéos qui seront automatiquement visionnées au fur et à mesure et dont l’objectif est de te faire rester le plus longtemps que possible sur l’application.
Cet algorithme va te proposer des vidéos qui sont polémiques, sensationnelles ou complotistes. En quelques clics tu peux rapidement te retrouver submergé(e) de vidéos mettant en avant les OVNI, les pires tueurs en séries, les plus affreux animaux qu’il soit, le secret jamais révélé de la vie après la mort, etc.
Ton cerveau est programmé naturellement pour privilégier l’état agréable de la passivité plutôt que la prise de décision, complexe et coûteuse en énergie.
Lorsque tu laisses Google te montrer successivement de nouvelles vidéos et sans interruption (le mode autoplay), tu fais le choix de ne pas choisir.
Bluma Zeigarnik, célèbre psychologue russe, a observé en 1929 que le fait de débuter une tache crée l’envie de continuer celle-ci jusqu’à son achèvement. C’est ce qu’on appelle la « motivation d’achèvement ». C’est ce qui te pousse à continuer à regarder chaque vidéo commencée automatiquement et poussée par l’algorithme de recommandation.
Lorsque tu es plongé(e) dans cet environnement ultra-personnalisé, tu te retrouves alors dans une chambre d’écho. Ce concept a été théorisé par John F. Scrugs (lobbyiste pour Philip Morris). La répétition et l’amplification de tes informations préférées finissent par créer une réalité personnalisée. L’algorithme flatte ton égo en te présentant des vidéos qui vont indéfiniment dans ton sens. Ainsi, tu finis peu à peu par t’emprisonner dans ton propre conformisme et te créer une réalité parallèle.
Accusé d’avoir joué un rôle déterminant dans la polarisation de la société américaine, Google s’en défend en prétextant n’être qu’une victime d’utilisateurs malveillants.
On peut difficilement penser que les ingénieurs de la Silicon Valley ont consciemment créé une arme massive d’influence politique, dirigée contre les démocraties occidentales. On se doute que l’objectif fût bien plus courtermiste et mercantile. Mais le monstre a peut-être échappé à son créateur. Après 15 ans d’utilisation, notre regard candide a bien changé sur cette incroyable firme qui nous réserve encore beaucoup d’innovations de rupture.
PS : Analyse est extraite du documentaire « Dopamine » diffusé par la chaîne Arte (une mine d’or, je te conseille à 100% :)).
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